La vallée des rouets
Remonter aux sources de la coutellerie thiernoise…
Une rivière pour tout un monde coutelier
La Durolle
Cette petite rivière prend sa source près de Noirétable, dans la Loire (42).
Engorgé de nombreux affluents, et encouragé par une dénivellation de plus en plus vive, son cours acquiert la vigueur nécessaire au bon fonctionnement des rouets près de la commune de Celles sur Durolle (63).
De là, et jusqu’à Thiers, La Durolle a creusé une étroite vallée.
L’énergie de cette rivière canalisée par les hommes, est à l’origine de la coutellerie thiernoise. C’est elle qui alimentait les machines nécessaires à la production des couteaux.
Ainsi, sur plus de 20km, nos ancêtres ont façonné les gorges et les rives : chemins d’accès taillés dans les pentes vives, biefs (canaux de dérivation du cours d’eau) construits dans le lit de la rivière et moulins bâtis là où on pouvait.
Au total, plus de 50 biefs ont été creusés pour dompter la Durolle et alimenter plus de 80 moulins fonctionnant à l’énergie hydraulique.
D’abord construits à proximité de Thiers, les rouets ont peu à peu colonisé les rives de la rivière jusqu’à Celles avec le développement de l’industrie coutelière.
L’énergie de l’eau pour faire tourner Les rouets
Au rez-de-chaussée du rouet, les émouleurs travaillaient côte à côte, en position allongée, sur des planches inclinées surplombant une meule entraînée par le courant.
Cette position leur donnait plus de force d’appui pour émoudre les lames, c’est-à-dire leur donner du tranchant.
A l’étage, les femmes effectuaient le même geste sur des polissoirs (disques de bois garnis de lamelles de cuir) afin de donner aux lames leur fini brillant.
Les enfants en âge d’approcher les machines apprenaient aux côtés de leur mère puis rejoignaient leur père lorsqu’ils avaient acquis suffisamment de force.
A l’extérieur un petit jardin, des aménagements, des ornements qui occupaient les émouleurs quand la Durolle était trop capricieuse pour faire tourner les roues.
Au début du 20ème siècle, près de 600 personnes travaillaient encore dans les rouets.
L’arrivée de l’électricité et, avec, la mécanisation des systèmes de production, ont entraîné le déclin de la profession à partir de 1930.
Le dernier émouleur Georges (Jojo) Lyonnet, était notre grand-oncle !
Il a fermé son rouet en 1976 et l’a légué avec tout ce qu’il contenait à la ville de Thiers, afin de laisser un témoignage matériel de la vie et du travail dans la Vallée des Rouets.
La vallée et le rouet du Lyonnet se visitent aujourd’hui, avec ou sans guide.
Laissés tels quels, les biefs et les rouets se sont peu à peu transformées en ruines lourdes d’histoire. L’atmosphère des lieux est proche de la féérie et empreinte d’une vie passée encore palpable et passionnante.
A visiter sans hésiter !